Nous apprenons par voie de presse et sans concertation préalable que Le Mans va interdire la circulation des vélos et trottinettes dans la majeure partie de la zone piétonne du centre-ville, les samedis entre 11h et 23h. Cette décision, qui devrait être annoncée par M. le Maire lors d’une conférence de presse le 27 mai, ne répond pas selon nous aux enjeux du partage de la ville entre usagers.
Il est incontestable que le comportement de certain.es cyclistes et trottinettistes, roulant vite ou de façon imprévisible, peut poser problème. S’ils ne semblent pas avoir généré d’accidents ces dernières années et c’est heureux, ces comportements peuvent entraîner des conflits entre usagers.
Selon nous :
- la Ville aurait dû en premier lieu s’efforcer de sensibiliser les cyclistes et trottinettistes aux bons comportements à l’égard des usagers les plus vulnérables. Par exemple, la politique de location longue durée de vélos mise en œuvre par la Setram aurait pu être accompagnée d’une stratégie de formation des usagers, notamment des néo-cyclistes. Cyclamaine, acteur de la formation des cyclistes, est en capacité de répondre à ce besoin.
- avant l’interdiction pour tous les usagers, d’autres leviers d’action auraient dû être envisagés : marquages au sol incitatifs comme à Bordeaux, application du code de la route tel qu’il existe, c’est à dire verbalisation des comportements inadaptés et gênants pour les piéton.nes. Cela impose sans doute aussi de réfléchir à ce qu’est un comportement raisonnable à vélo, ce qui n’apparaît pas dans les propos relayés par la presse : le « slalom » dénoncé n’est pas nécessairement gênant, dangereux ni même anxiogène si la trajectoire est logique, lisible et à faible allure.
La Ville semble vouloir « tester » ce dispositif, qui serait bon s’il résolvait des problèmes avérés et n’en créait pas de nouveaux. Or, l’interdiction, si elle est respectée à la lettre, mettra tous les usagers cyclistes, y compris les plus vulnérables (enfants ou personnes âgées) dans une situation peu satisfaisante : soit pousser son vélo à la main, ce qui peut être difficile et fatigant, en particulier pour un enfant, a fortiori dans un flux piéton où il peut y avoir des effets d’accordéon ; soit emprunter les bandes cyclables qui bordent le centre piéton et qui présentent des dangers récurrents, par exemple Avenue François Mitterrand (véhicules régulièrement stationnés sur la bande cyclable, bande cyclable très étroite). Cette décision prend également le contre-pied de plusieurs aménagements réalisés par la métropole qui organisent de manière assumée la cohabitation cyclistes / piéton.nes (halte ferroviaire hôpital université, Chasse Royale, voie partagée entre arrêt Hôpital et Cadran-L’Epine, nouveau projet gare Sud).
Au moment où approche de son terme l’opération « Mai à vélo », à laquelle participent de très nombreuses villes et institutions, la ville du Mans se distingue en stigmatisant l’ensemble des usagers cyclistes, envoyant un mauvais signal sur la question du partage de l’espace urbain et décourageant l’emploi du vélo. Nous vous proposerons très rapidement des actions à rejoindre en nombre pour demander le maintien du droit à circuler dans le centre piétonnier de façon responsable et en bonne intelligence avec les autres usagers.
Visuel : article du journal Ouest France, publié le 22 mai 2025
